Faut-il céder aux sirènes du cumul retraite/activité libérale ?

Notre mise en garde générale - Nous mettons une fois de plus en garde nos lecteurs, retraités et actifs, ou projetant de le redevenir, sur la nécessité de bien peser le pour et le contre, calculette en main, du cumul de leur pension retraite avec une activité libérale. Et de ne surtout pas s’arrêter aux tableaux ornant jadis les fascicules d’Informations de la Carmf d’avant Covid, intitulés « Le cumul est-il intéressant ? » ou, plus caricatural encore, « Cumul ou temps choisi ». Tant cela ressemblait aux thèses médicales bâties à la hâte à propos d’un cas, et bien pire, leur résultat en forme d’enseignement voulu universel ne valait qu’en hypothèse minimale de survie de 20 ans chez un homme à partir de ses 65 ans ! Il est donc heureux que la Carmf ne publie plus ce genre d’illustrations prêtant à confusion. (Nota : pour les plus curieux de nos lecteurs, ces fascicules édifiants sont toujours accessibles en ligne via Google en direct)

Depuis des décennies, nos analyses méthodiques et nos démonstrations chiffrées de notre dossier complet sur ce sujet sans cesse actualisé sont sans appel : à l’exception de quelques situations particulières et exceptionnelles qui figurent parmi les critères ci-dessous, et/ou à moins de tricher avec la législation applicable, tous les autres médecins retraités et actifs   s’apercevront, fatalement, mais souvent trop tard, de la très piètre rentabilité de leur travail libéral une fois en situation de cumulard. Et la réforme générale du régime de basede 2023 accordant de « nouveaux droits » au cumulard depuis le 1^er janvier 2023 ne modifie hélas qu’à la marge cette piètre rentabilité.

Bien pire, il pourrait s’avérer que ce choix de cumul mené au petit bonheur la chance puisse tourner au désastre financier programmé lorsqu’ils feront leur cessation définitive d’activité auprès des caisses sociales. Cela, que ce soit à titre volontaire ou involontaire par décès, laissant parfois leurs ayants-droit dans une situation financière difficile du fait paradoxal de leur poursuite d’activité libérale ! Désastre d’autant plus fâcheux et paradoxal que leur BNC imposable aura été élevé.

Avertissement aux cumulards non combatifs - Chers retraités actifs, gardez en particulier en mémoire que les administrations sociales ont trois ans et six mois pour récupérer les cotisations que vous leur devez. De plus, sachez qu’elles communiquent désormais en direct entre elles grâce à votre numéro personnel de sécurité sociale, outre obtenir votre déclaration d’ensemble de vos revenus libéraux via la 2042-C-PRO ! En restant passif et en l’état du système, la motivation qui peut vous inciter à démarrer ou poursuivre une activité libérale en la cumulant avec votre pension retraite ne saurait être essentiellement financière. Car, tous comptes faits, elle s’apparente au cas général à offrir votre force de travail et vos services à la collectivité qui vous en fait payer le prix fort : environ 25% plus cher par rapport à tout médecin non retraité.

C’est pourquoi, en guise de conseil préventif sur la meilleure manière de se constituer des revenus complémentaires à vos pensions de retraite, dont on attend une inévitable dégradation, nous espérons avoir convaincu nos lecteurs réguliers sur les bienfaits de la planification d’un plan d’épargne retraite effectuée bien avant l’âge du besoin. Si l’on n’omet pas d’y ajouter le prix de votre temps libre et de votre économie de fatigue physique et psychique une fois que l’âge avance, la rentabilité de ce type de revenus complémentaires reste incomparable par rapport à celle de la pêche ordinaire aux revenus du cumul activité libérale/retraite. Sauf cas particuliers (ou plutôt, optimisés), dont des exemples enrichissent notre dossier et, je l’espère, éviteront d’appauvrir ses lecteurs les plus attentifs…